FÊTE DE BARA & VIALA

Fête de Bara & Viala

Fête prévue pour le 10 thermidor à l’occasion de la panthéonisation de deux jeunes martyrs de la République, Joseph Agricol Viala et Joseph Bara, respectivement âgés de 13 et 14 ans et tués au combat auprès de l’armée républicaine.

Sommaire

A l’origine de la fête de Bara et Viala

Deux victimes des guerres civiles révolutionnaires promises au Panthéon

Avant-dernier d’une fratrie de 10 enfants enfants, Joseph Bara est né en 1779 à Palaiseau d’un père garde chasse du prince de Condé, qui décède en 1784. Bien que trop jeune à l’automne 1792 pour intégrer formellement l’armée, le jeune adolescent la suit pourtant en Vendée sous la conduite de l’adjudant-général Desmares, connaissance de la famille. Habillé en hussard, il est tué lors d’un assaut ennemi le 17 frimaire an II (7 décembre 1794) à Jallais, non loin de Chollet. Dans la lettre qu’il écrit le lendemain à la Convention pour rendre compte de la situation, Desmares appelle l’attention sur la situation précaire de famille de Bara désormais privée de sa solde, et sur l’héroïsme constant dont fit preuve le jeune homme, notamment quand il succomba encerclé par les brigands. La lettre est lue à la Convention le 25 frimaire par Barère, qui fait accorder 3.000 livres de secours immédiats, et 1.000 livres de pension à la famille, ce qui n’était pas exceptionnel(1)cf. Raymonde MONNIER, Le culte de Bara en l’an II, AHRF 1980, pp. 322-323, d’après Réimpression de l’ancien Moniteur, t. XVIII, Paris, Plon, 1860, p. 678. Dès le lendemain Léonard Bourdon soumet à l’assemblée le passage qu’il consacre à Bara dans un recueil d’actions exemplaires ou héroïques destinées à être lues chaque décadi dans les écoles et les assemblées populaires. Il récidive le 10 nivôse (30 décembre 1793) dans un ouvrage comparable, alors que le Comité d’Instruction publique cherchait à diffuser le patriotisme et l’amour de la vertu civique auprès de la jeunesse(2)cf. R. MONNIER, Le culte de Bara en l’an II, AHRF 1980, p. 323, d’après Annales du Civisme et de la Vertu (B. N., 8° Lc2 38) ; Recueil des actions héroïques des républicains français (B. N., Ln2 39). Entre temps, le 8 nivôse, Robespierre avait obtenu pour Bara les honneurs du Panthéon : « En décernant les honneurs au jeune Bara, vous les décernez à toutes les vertus, à l’héroïsme, au courage, à l’amour filial, à l’amour de la Patrie. Les Français seuls ont des héros de 13 ans : c’est la liberté qui produit des hommes d’un si grand caractère ». Alors que Desmares ne parlait que de la détermination du jeune homme à ne pas se laisser soustraire par l’ennemi les deux chevaux dont il avait la garde, la fin de Bara se retrouvait ainsi reformulée : « Entouré de brigands qui, d’un côté lui présentaient la mort, et de l’autre lui demandaient, de crier Vive le Roi ! il est mort en criant Vive la République ! »(3)cf. R. MONNIER, Le culte de Bara en l’an II, AHRF 1980, pp. 322-323, d’après Réimpression de l’ancien Moniteur, t. XIX, Paris, Plon, 1860, p. 81

L’histoire de Viala était parvenue à Paris par le Journal des Hommes libres du 16 pluviôse an II (4 février 1794), d’après les renseignements de son oncle Agricol Moureau. Jacobin avignonnais, cet ex-administrateur départemental du Vaucluse emprisonné sur ordre du Comité de sûreté générale depuis le 18 frimaire an II (8 décembre 1793) signala à Robespierre dans les jours suivants  l’action de son neveu. Né à Avignon en 1780, Agricol Viala aurait commandé un bataillon d’enfants dit de l’Espérance de la Patrie, comme il y en eut plusieurs dans les grandes villes du Midi. Le 8 juillet 1793, alors que l’armée fédéraliste marseillaise menaçait Avignon, Viala aurait été frappé d’une charge d’artillerie adverse sur les rives de la Durance par les fédéralistes en essayant de rompre les liens du bac de Bonpas. Son corps fut achevé à coups de baïonnette et jeté dans la rivière. Dans le rapport du 18 floréal an II sur la célébration des fêtes nationales, Robespierre rapporta ses supposées dernières paroles : « Que m’importe, je meurs, mais mon pays est sauvé », et l’adjoint à Bara pour être admis au Panthéon. Libéré de la Prison du Luxembourg, Moureau est accueilli à la Convention le 3 prairial accompagné de patriotes avignonnais(4)cf. Michel VOVELLE, Agricol Viala ou le héros malheureux, AHRF 1980, pp. 345-347, 350-352, 381.

Pratique de la panthéonisation (1791-1794)

Bien que ses causes profondes soient peut être à chercher du côté du passage du genre littéraire de l’oraison à celui de l’éloge funèbre, c’est le choc créé par le décès de Mirabeau le 2 avril 1791 qui décida de la conversion de l’église conçue par Soufflot en 1780 en un lieu de sépulture pour les dépouilles des grands hommes. La panthéonisation du tribun est adoptée le surlendemain, en même temps qu’est renvoyée à la législature suivante toute demande ultérieure de panthéonisation(5)cf. Michel BIARD, La liberté ou la mort. Mourir en député, 1792-1795, Taillandier, 2015, pp. 221-223.

Pourtant, l’assassinat de Le Pelletier le 20 janvier 1793, poignardé pour avoir voté la mort du roi, lui ouvre quatre jours plus tard les portes du Panthéon(6)cf. Michel BIARD, La liberté ou la mort. Mourir en député, 1792-1795, Taillandier, 2015, p. 230. Les incitations à la prudence du Girondin Lanjuinais, mentionnant la compromission de Mirabeau avec la cour établie par l’examen des papiers de l’armoire de fer et rappelant qu’à cette occasion il fut décidé que l’on pourrait rentrer au Panthéon seulement dix ans après son décès furent ignorés(7)cf. M. BIARD, La liberté ou la mort. Mourir en député, 1792-1795, Taillandier, 2015, pp. 225-229.

Soutenue par une intense mobilisation populaire et par David, la panthéonisation de Marat est validée par le rapport du Comité d’Instruction publique rendu par Joseph-Marie Chénier du 5 frimaire an II (25 novembre 1793), qui décide en même temps de l’exclusion de Mirabeau. A sa suite, les honneurs du Panthéon sont réclamés pour les conventionnels Gasparin (proposé par Moyse Bayle, Baille et Beauvais (soutenus par Merlin de Thionville) ou le jacobin lyonnais Chalier (appuyé par Couthon)(8)cf. M. BIARD, La liberté ou la mort. Mourir en député, 1792-1795, Taillandier, 2015, pp. 235-239.

Le 23 nivôse (12 janvier 1794), deux semaines après avoir demandé et obtenu la panthéonisation de Bara, Robespierre plaida pour celle de Fabre de l’Hérault, premier représentant tombé au front. Toutes sont aussitôt adoptées par la Convention sans même passer cette fois-ci par le Comité d’Instruction publique. Toutefois, après celle de Lepelletier de Saint-Fargeau, plus de six mois devaient se passer avant que toute nouvelle entrée ne survienne. Thuriot, relayant le 18 germinal (7 avril) la demande de la Société populaire de Montpellier qui plaidait pour la cause de Beauvais, ne relança que durant quelques jours la question de l’examen des panthéonisations en cours(9)cf. M. BIARD, La liberté ou la mort. Mourir en député, 1792-1795, p. 241.

La chute de Robespierre devait fermer les portes à tout futur panthéonisable excepté Marat, qui y fut admis le 5e jour des sans-culottides de l’an II (20 septembre 1794). La cérémonie fut toutefois partiellement éclipsée par la fête de la Fraternité et une célébration des victoires militaires(10)cf. M. BIARD, La liberté ou la mort. Mourir en député, 1792-1795, Taillandier, 2015, pp. 242-243. Durant l’hiver 1794-1795, une campagne pamphlétaire se déchaîna contre la présence de Marat au Panthéon. Le 20 pluviôse an III (8 février 1795), Dumont fit adopter à la Convention un décret réaffirmant le délai de dix ans nécessaires entre la mort d’un citoyen et sa possible panthéonisation. L’ensemble des panthéonisations de l’an II (dont seules celles de Marat et Lepelletier avaient abouties) étaient de facto annulées, et la réaction thermidorienne figea le débat : ni les Girondins, Danton, ou Féraud ne furent proposés aux honneurs du Panthéon(11)cf. M. BIARD, La liberté ou la mort. Mourir en député, 1792-1795, Taillandier, 2015, pp. 223-224.

Fêtes et cultes locaux

Relancé par la déchristianisation de l’hiver de l’an II, le culte des martyrs centré autour de Marat et Lepeletier, enrichi de la figure de Chalier en automne, voyait apparaître celle de Bara dans la décade qui suit le 8 nivôse. Les sections de la République, des Piques et des Arcis consultent dans le courant du mois le Conseil général sur la tenue de fêtes incluant le jeune martyr. En ventôse, des jeunes des sections de Grenelle et de Mutius Scævola inaugurent le buste de Bara tandis que la section des Marchés et du Bonnet-Rouge célèbrent une fête en l’honneur de Lepeletier, Marat, Chalier et de Bara. De semblables célébrations sont organisées à Thiais, près de Paris, mais aussi à Tarbes et à Fréjus(12)cf. R. MONNIER, Le culte de Bara en l’an II, AHRF 1980, pp. 328-330 (+ notes 32 à 41).

Les festivités reprennent au printemps de l’an II avec une intensité accrue, visiblement à l’initiative de la jeunesse, garçons comme filles. La fête de Gannat dans l’Allier fut l’oeuvre de sa Société des Jeunes Républicains (alors que la plupart de ces sociétés populaires s’étaient dissoutes à la fin de l’hiver sous l’impulsion de la Commune de Paris(13)cf. R. MONNIER, Le culte de Bara en l’an II, AHRF 1980, pp. 326-328), tandis que celle de Sceaux est organisée par six commissaires âgés d’au maximum 14 ans. Elles revêtirent des formes diverses, du défilé des jeunes suivi d’une fête patriotique pour la première, fastueuse procession avec bustes, statues, char avec jeune citoyenne incarnant la Déesse de la Liberté pour la seconde, en présence de la mère de Bara. L’école de Léonard Bourdon, la Société des Jeunes Français, consacre une fête à Bara et Viala le 12 prairial(14)cf. R. MONNIER, Le culte de Bara en l’an II, AHRF 1980, pp. 330-332 (+ notes 43, 46 à 48).

Préparatifs de la fête de Bara & Viala

La panthéonisation de Bara, désormais associée à celle de Viala, est confirmée suite au Rapport sur les fêtes nationales que Robespierre prononce à la Convention le 18 floréal an II (7 mai 1794)(15)cf. R. MONNIER, Le culte de Bara en l’an II, AHRF 1980, p. 332 ; M. VOVELLE, Agricol Viala ou le héros malheureux, AHRF 1980, p. 346. Vers juin 1794, Marie-Joseph Chénier les fait figurer dans un couplet du Chant du Départ(16)cf. Albert SOBOUL (dir.), Dictionnaire historique de la Révolution française, Paris, PUF, 1989, pp. 205-206. La date de la fête à organiser à l’occasion de l’admission de Bara et Viala au Panthéon fut reculée à deux reprises. D’abord fixée le 30 prairial an II, elle fut d’abord différée de trente jours en raison de son trop grand rapprochement avec la Fête de l’Être Suprême, avant d’être à nouveau ajournée en raison de sa proximité encore plus importante avec la fête du 26 messidor (14 juillet)(17)cf. J. GUILLAUME, L’École de Mars et le livre récent de M. Arthur Chuquet, in La Révolution française : revue d’histoire contemporaine, 1899, t. 37, p. 305.

Suite au rapport de David du 23 messidor (11 juillet 1794), la fête est fixée au 10 thermidor(18)cf. Réimpression de l’ancien Moniteur, t. XXI, Paris, Plon, 1861, pp. 277-280. La cérémonie devait être lancée à 15 h. par une salve d’artillerie postée sur la pointe occidentale de l’île de la Cité. Le peuple serait alors rassemblé au jardin des Tuileries, puis les conventionnels apparaitraient à l’amphithéâtre. Après un discours de leur président, deux députations choisies par les sections parisiennes, formées pour l’une de mères ayant perdu un enfant à la guerre et pour l’autre d’enfants d’un âge proche de celui des deux martyrs, recueilleraient respectivement les urnes de de Bara et Viala. Une seconde salve lancerait la marche à 17 h. au son de tambours « lugubres et majestueux ». Les artistes défileraient par groupes successifs, musiciens, chanteurs, danseurs, poètes, entre les deux députations assemblées en colonnes. Une fois les urnes accueillies au sein du Panthéon par le président de la Convention, la tristesse devait laisser la place à l’allégresse. Les services de l’Institut national de musique, du ballet de l’Opéra et de deux élèves de David, Gérard et Sérangeli, avaient été mobilisés. L’hymne composé par Méhul, sur les paroles de Davrigny, qui devait être chanté à l’unisson par la foule, fut distribué à près de 4.000 exemplaires dont plus de la moitié aux sections parisiennes(19)cf. R. MONNIER, Le culte de Bara en l’an II, AHRF 1980, pp. 332-333 ; J. GUILLAUME, Procès-verbaux du Comité d’instruction publique de la Convention nationale t. IV, Paris, Impr. Nat., 1891, pp. 785-787. La supervision des manifestations théâtrales qui l’accompagnent et l’organisation de la fête officielle est confiée à la Commission d’Instruction publique(20)cf. Alphonse AULARD, Recueil des actes du Comité de Salut public, Table (t. VI-XVII), p. 130.

La participation des élèves de l’Ecole de Mars à la fête en remplacement des jeunes enfants initialement prévus fut décidée à cette occasion et non, comme l’a supposé l’historien A. Chuquet, suite aux corrections qu’aurait apporté le commissaire de l’Instruction publique Joseph Payan le 6 thermidor(21)cf. J. GUILLAUME, L’École de Mars et le livre récent de M. Arthur Chuquet, in La Révolution française : revue d’histoire contemporaine, 1899, t. 37, p. 306, d’après J. GUILLAUME, Procès-verbaux du Comité d’instruction publique de la Convention nationale t. IV, 1891, p. 788 (+ notes 1-2).

De nombreuses fêtes seront célébrées en province durant l’été de l’an II (y compris parfois, après la chute de Robespierre), largement calquées sur le cérémonial de la fête parisienne. Âgé de 14 ans, Charles Nodier prononce le discours de la fête donnée à Besançon. A travers ses nombreuses représentations, Bara figure essentiellement en jeune tambour, quelques gravures seulement le montrant en hussard. Ce biais s’explique par le fait que les tambours étaient fréquemment des enfants, et que quelques uns d’entre eux s’étaient déjà distingués par des actions héroïques. En médaillon, Bara et parfois Viala (ce dernier n’apparaît qu’à partir de messidor(22)Le 23 messidor, le Comité d’Instruction publique distribue aux Jacobins un imprimé à son sujet. Cf. M. VOVELLE, Agricol Viala ou le héros malheureux, AHRF 1980, p. 348 (+ note 2); Alphonse AULARD, La Société des Jacobins t. VI, Paris, 1897, p. 215) rejoignent Marat, Lepeletier et Chalier, parfois accompagnés de leurs attributs respectifs, le tambour et la hache(23)cf. R. MONNIER, Le culte de Bara en l’an II, AHRF 1980, pp. 333-336.

Célébré seulement depuis messidor, Agricol Viala n’eût pas le temps de laisser une empreinte significative. Aucune commune ne s’est placée sous son égide, y compris en Provence où certaines adoptèrent en revanche Bara(24)cf. M. VOVELLE, Agricol Viala ou le héros malheureux, AHRF 1980, p. 349. Il semble n’avoir été commémoré qu’à Avignon le 30 messidor. Au cours d’un cérémonial très réglé, deux magistrats et deux soldats prononcèrent des discours, suivis en conclusion d’une brève allocution du propre père de Viala. Plusieurs airs furent chantés, dont l’hymne de Davrigny et Méhul qui était prévu pour la fête du 10 thermidor(25)cf. M. VOVELLE, Agricol Viala ou le héros malheureux, AHRF 1980, pp. 352, 354-358. Parmi les discours, celui d’Avid, l’aide de camp de Viala âgé comme lui de 13 ans, rapporta ainsi ses dernières paroles en langue provençale : « M’an pas manquât : aquo es egaou, mori per la libertat »(26)cf. M. VOVELLE, Agricol Viala ou le héros malheureux, AHRF 1980, pp. 350-352.

A l’approche de la fête

Le Moniteur Universel annonce, dès la mi-messidor et jusqu’au 10 thermidor Agricole Viala ou le héros de 13 ans, jouée au Théâtre de l’Opéra-Comique National et Le Jeune Héros de la Durance ou Agricola Viala, au Théâtre Lyrique des Amis de la Patrie(27)cf. Réimpression de l’ancien Moniteur, t. XXI, Paris, Plon, 1861, pp. 104, 120, 144, 152, 160, 176, 200, 252, 260, 284, 308, 328. Il donne, le 5 thermidor, le programme de la fête(28)cf. Réimpression de l’ancien Moniteur, t. XXI, p. 307.

On trouve le programme de la fête dans le numéro du Moniteur daté du même jour. De par les manifestations théâtrales qui l’accompagnent et sa dimension de fête officielle, la fête de Bara & Viala était sous le contrôle de la Commission d’Instruction publique(29)cf. A. AULARD, Recueil des actes du Comité de Salut public, Table (t. VI-XVII), p. 130.

Le Conseil général de la Commune et le Comité de Salut Public avaient chargé le maire et l’agent national de réunir les assemblées de section le 8 thermidor. Ce jour-là vers 18 h., Fleuriot-Lescot signale que celles-ci n’ont toujours pas reçu de rapport de la Commission d’Instruction publique ou de David(30)cf. Papiers inédits trouvés chez Robespierre, Saint-Just, Payan, etc. t. III, pp. 291-292.

Durant la première décade de thermidor, le Comité d’Instruction publique règle encore de nombreux détails ou apporte des modifications à la Fête : chants à intégrer dans la cérémonie, des vers des poètes qu’il fallait réciter place du Panthéon, etc. Le 1er thermidor, la demande des veuves des vainqueurs de la Bastille d’assister à la fête du 10 thermidor lui est renvoyée. Le comité d’Instruction renvoie à la municipalité l’instruction suivante : « Le Maire sera invité à faire exécuter les mesures de police, et les deux décharges d’artillerie aux heures indiquées dans le plan de David… ».

Le Comité de Salut Public fit remarquer à David que l’heure indiquée pour le commencement de la fête était trop tardive, et que cela pourrait avoir des inconvénients. Le moment de rassemblement des sections aux Tuileries était fixé à trois heures, et le départ du cortège à cinq heures(31)cf. Documents complémentaires au catalogue de l’œuvre de Louis David, Paris, Fondation Wildenstein, 1973, notes 1 111 & 1 113, d’après J. GUILLAUME, Procès-verbaux du Comité d’instruction publique (…), t. IV, pp. 851-854, 856.

Après le discours de Robespierre du 8 thermidor, David montait à la tribune pour proposer que la fête de Bara & Viala commençât à 9 heures du matin, ce qui sera adopté(32)cf. Documents complémentaires au catalogue de l’œuvre de Louis David, Paris, Fondation Wildenstein, 1973,  note 1 117, d’après J. GUILLAUME, Procès-verbaux du Comité d’instruction publique (…), t. IV, pp. 856-862.

La section des Marchés réunit vers 18 h. son assemblée générale sur ordre de la Commune pour prendre connaissance du plan de la fête prévue de Bara et Viala, et pour « la répétition de quelques hÿmnes analogues »(33)cf. A. N., AFII 47 366 50. Celle de Popincourt en fit de même(34)cf. A. N., AFII 47 365 33 (Rapport du président de l’assemblée générale).

Le 9 thermidor, Giot devait s’occuper de détails relatifs à la fête(35)cf. P. SAINTE-CLAIRE DEVILLE, La Commune de l’an II. Vie et mort d’une assemblée révolutionnaire, Paris, Plon, 1946, p. 206. Vraisemblablement en début de journée, Fleuriot-Lescot écrit à Hanriot à propos des dispositions à prendre pendant la Fête de Bara & Viala. S’il est hostile à ce que des forces armées figurent « dans les fêtes du peuple », il recommande d’en poster dans les quartiers adjacents pour conjurer toute agitation consécutive à la publication du Maximum des salaires(36)cf. Arnaud-Louis-Raoul de MARTEL, Types révolutionnaires. Etudes sur Fouché t. 2, Plon, 1879, pp. 124-125.

Bara et Viala éclipsés par le 9 thermidor

Après l’arrestation de Robespierre le 9 thermidor à la Convention, le député Fayau dénonce une section parisienne qui aurait demandé des fusils pour armer des jeunes gens pendant la fête (ce qui a été refusé)(37)cf. Françoise BRUNEL, 1794. Thermidor. La chute de Robespierre, p. 100.

Durant la séance du soir, peu après la libération d’Hanriot et la mise hors la loi proposée par Voulland, Billaud-Varenne demande d’ajourner la fête, en raison de la présence d’effectifs armés de l’Ecole de Mars et de canons à proximité de la Convention(38)cf. Réimpression de l’ancien Moniteur, t. XXI p. 341. Le scénario d’un coup de force programmé à la faveur de la fête se développe dans les journées suivant le 9 thermidor(39)cf. M.-J. GUILLAUME, Procès verbaux du Comité d’Instruction Publique de la Convention nationale t. IV, pp. 857-858. Courtois, le 8 thermidor an III, donnera corps à la version de Billaud : « C’est au milieu de sa marche pieuse, au moment de déposer l’urne de l’enfant qu’elle regarde comme un martyr de la liberté, dans le Panthéon des grands hommes, que la représentation nationale sera attaquée, violée, massacrée, et les torches triomphales du jeun, Viala vont devenir les torches funèbres des députés les plus vertueux et les plus fidèles ».(40)cf. Edme-Bonaventure COURTOIS, Rapport (…) sur les événements du 9 thermidor…, Paris, de l’Imprimerie nationale, floréal an IV, pp. 33-34

Réferences

Réferences
1 cf. Raymonde MONNIER, Le culte de Bara en l’an II, AHRF 1980, pp. 322-323, d’après Réimpression de l’ancien Moniteur, t. XVIII, Paris, Plon, 1860, p. 678
2 cf. R. MONNIER, Le culte de Bara en l’an II, AHRF 1980, p. 323, d’après Annales du Civisme et de la Vertu (B. N., 8° Lc2 38) ; Recueil des actions héroïques des républicains français (B. N., Ln2 39)
3 cf. R. MONNIER, Le culte de Bara en l’an II, AHRF 1980, pp. 322-323, d’après Réimpression de l’ancien Moniteur, t. XIX, Paris, Plon, 1860, p. 81
4 cf. Michel VOVELLE, Agricol Viala ou le héros malheureux, AHRF 1980, pp. 345-347, 350-352, 381
5 cf. Michel BIARD, La liberté ou la mort. Mourir en député, 1792-1795, Taillandier, 2015, pp. 221-223
6 cf. Michel BIARD, La liberté ou la mort. Mourir en député, 1792-1795, Taillandier, 2015, p. 230
7 cf. M. BIARD, La liberté ou la mort. Mourir en député, 1792-1795, Taillandier, 2015, pp. 225-229
8 cf. M. BIARD, La liberté ou la mort. Mourir en député, 1792-1795, Taillandier, 2015, pp. 235-239
9 cf. M. BIARD, La liberté ou la mort. Mourir en député, 1792-1795, p. 241
10 cf. M. BIARD, La liberté ou la mort. Mourir en député, 1792-1795, Taillandier, 2015, pp. 242-243
11 cf. M. BIARD, La liberté ou la mort. Mourir en député, 1792-1795, Taillandier, 2015, pp. 223-224
12 cf. R. MONNIER, Le culte de Bara en l’an II, AHRF 1980, pp. 328-330 (+ notes 32 à 41)
13 cf. R. MONNIER, Le culte de Bara en l’an II, AHRF 1980, pp. 326-328
14 cf. R. MONNIER, Le culte de Bara en l’an II, AHRF 1980, pp. 330-332 (+ notes 43, 46 à 48)
15 cf. R. MONNIER, Le culte de Bara en l’an II, AHRF 1980, p. 332 ; M. VOVELLE, Agricol Viala ou le héros malheureux, AHRF 1980, p. 346
16 cf. Albert SOBOUL (dir.), Dictionnaire historique de la Révolution française, Paris, PUF, 1989, pp. 205-206
17 cf. J. GUILLAUME, L’École de Mars et le livre récent de M. Arthur Chuquet, in La Révolution française : revue d’histoire contemporaine, 1899, t. 37, p. 305
18 cf. Réimpression de l’ancien Moniteur, t. XXI, Paris, Plon, 1861, pp. 277-280
19 cf. R. MONNIER, Le culte de Bara en l’an II, AHRF 1980, pp. 332-333 ; J. GUILLAUME, Procès-verbaux du Comité d’instruction publique de la Convention nationale t. IV, Paris, Impr. Nat., 1891, pp. 785-787
20 cf. Alphonse AULARD, Recueil des actes du Comité de Salut public, Table (t. VI-XVII), p. 130
21 cf. J. GUILLAUME, L’École de Mars et le livre récent de M. Arthur Chuquet, in La Révolution française : revue d’histoire contemporaine, 1899, t. 37, p. 306, d’après J. GUILLAUME, Procès-verbaux du Comité d’instruction publique de la Convention nationale t. IV, 1891, p. 788 (+ notes 1-2)
22 Le 23 messidor, le Comité d’Instruction publique distribue aux Jacobins un imprimé à son sujet. Cf. M. VOVELLE, Agricol Viala ou le héros malheureux, AHRF 1980, p. 348 (+ note 2); Alphonse AULARD, La Société des Jacobins t. VI, Paris, 1897, p. 215
23 cf. R. MONNIER, Le culte de Bara en l’an II, AHRF 1980, pp. 333-336
24 cf. M. VOVELLE, Agricol Viala ou le héros malheureux, AHRF 1980, p. 349
25 cf. M. VOVELLE, Agricol Viala ou le héros malheureux, AHRF 1980, pp. 352, 354-358
26 cf. M. VOVELLE, Agricol Viala ou le héros malheureux, AHRF 1980, pp. 350-352
27 cf. Réimpression de l’ancien Moniteur, t. XXI, Paris, Plon, 1861, pp. 104, 120, 144, 152, 160, 176, 200, 252, 260, 284, 308, 328
28 cf. Réimpression de l’ancien Moniteur, t. XXI, p. 307
29 cf. A. AULARD, Recueil des actes du Comité de Salut public, Table (t. VI-XVII), p. 130
30 cf. Papiers inédits trouvés chez Robespierre, Saint-Just, Payan, etc. t. III, pp. 291-292
31 cf. Documents complémentaires au catalogue de l’œuvre de Louis David, Paris, Fondation Wildenstein, 1973, notes 1 111 & 1 113, d’après J. GUILLAUME, Procès-verbaux du Comité d’instruction publique (…), t. IV, pp. 851-854, 856
32 cf. Documents complémentaires au catalogue de l’œuvre de Louis David, Paris, Fondation Wildenstein, 1973,  note 1 117, d’après J. GUILLAUME, Procès-verbaux du Comité d’instruction publique (…), t. IV, pp. 856-862
33 cf. A. N., AFII 47 366 50
34 cf. A. N., AFII 47 365 33 (Rapport du président de l’assemblée générale)
35 cf. P. SAINTE-CLAIRE DEVILLE, La Commune de l’an II. Vie et mort d’une assemblée révolutionnaire, Paris, Plon, 1946, p. 206
36 cf. Arnaud-Louis-Raoul de MARTEL, Types révolutionnaires. Etudes sur Fouché t. 2, Plon, 1879, pp. 124-125
37 cf. Françoise BRUNEL, 1794. Thermidor. La chute de Robespierre, p. 100
38 cf. Réimpression de l’ancien Moniteur, t. XXI p. 341
39 cf. M.-J. GUILLAUME, Procès verbaux du Comité d’Instruction Publique de la Convention nationale t. IV, pp. 857-858
40 cf. Edme-Bonaventure COURTOIS, Rapport (…) sur les événements du 9 thermidor…, Paris, de l’Imprimerie nationale, floréal an IV, pp. 33-34
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