DUMONT

Age : Né à Oisemont (Somme), 30 ans en thermidor.

Fonction(s) : Elu député de la Somme à la Convention le 8 septembre 1792, membre du Comité de sûreté générale pendant l’été 1793 puis envoyé en mission dans la Somme. A nouveau membre du Comité de sûreté en thermidor an II puis du Comité de salut public en frimaire an III.

Sommaire

Origine et parcours d’André Dumont

Issu d’une famille de notables, André Dumont suit des études de droit. Favorable à la Révolution, il devient maire de sa ville natale d’Oisemont en 1789 puis administrateur du département de la Somme, qui l’envoie le 8 septembre 1792 à la Convention où il siège sur les bancs de la Montagne(1)cf. Bernard GAINOT, Dictionnaire des membres du Comité de salut public, Taillandier, 1990, p. 114 ; A. ROBERT, G. COUGNY, Dictionnaire des parlementaires français (…) de 1789 à 1889, t. II, Paris, Bourloton, 1890, p. 481. Ayant brièvement intégré le Comité de Sûreté Générale après la chute des Girondins le 2 juin 1793, il proposa à la fin du même mois l’arrestation des députés ayant protesté contre leur proscription(2)cf. Emilie CADIO, Le Comité de sûreté générale (1792-1795), in La Révolution française — Cahiers de l’Institut d’histoire de la Révolution française 3|2012, p. 4 ; A. ROBERT, G. COUGNY, Dictionnaire des parlementaires français (…) de 1789 à 1889 t. II, p. 481.

Représentant en mission déchristianisateur

Envoyé dès l’été 1793 en mission dans la Somme (aux côtés de Lebon(3)cf. A. ROBERT & G. COUGNY, Dictionnaire des parlementaires français (…) de 1789 à 1889 t. IV, Paris, Bourloton, 1891, p. 13), puis dans le Pas-de-Calais et l’Oise, il organise plusieurs Fêtes de la Raison à partir de l’automne. Dans un style emprunté au Père Duchesne, il vante l’arrestation d’une soixantaine de prêtres, fait processionner devant lui des charrettes de suspects. Il se vante d’avoir arrêté la soeur de Pitt, Elisabeth, et organisa dans la cathédrale de Noyon des bals patriotiques. Ses mœurs débauchées et son autoritarisme le font entrer en conflit avec la société populaire d’Amiens, où il s’est fixé(4)cf. Bernard GAINOT, Dictionnaire des membres du Comité de salut public, Taillandier, 1990, pp. 114-115 ; A. ROBERT, G. COUGNY, Dictionnaire des parlementaires français (…) de 1789 à 1889 t. II, p. 481.

Retour de Dumont à Paris et attitude pendant le 9 thermidor

De retour à Paris, il craint d’être inquiété pour ses mesures déchristianisatrices et pour le modérantisme de son frère cadet Charles Dumont de Sainte-Croix, employé au bureau de l’envoi des lois de la Convention(5)cf. Bernard GAINOT, Dictionnaire des membres du Comité de salut public, Taillandier, 1990, pp. 114-115. Le 14 prairial an II, l’un des rares actes du Comité de salut public entièrement rédigé par Robespierre (également signé de Couthon, de Barère et de Billaud-Varenne) ordonne « que le nommé Dumont, préposé à l’envoi des lois, prévenu d’incivisme et d’une négligence coupable dans l’exercice de ses fonctions, est destitué, et sera mis en état d’arrestation au secret… ». Il tente vainement et à plusieurs reprises de plaider la cause de son frère incarcéré, d’abord auprès du Comité tout entier puis de Collot d’Herbois en particulier, à qui il écrit que Robespierre a été trompé(6)cf. R. COBB, Glanes — L’arrestation du frère d’André Dumont, AHRF 1951, p. 411.

Secrétaire de la Convention le 19 messidor, Dumont est réélu à ce poste le 1er thermidor aux côtés de Levasseur (de la Meurthe), Portiez, Bar et Legendre (Collot d’Herbois prend la présidence). Il intervient à plusieurs reprises à la Convention pendant les événements du 9 thermidor(7)cf. Françoise BRUNEL & Corinne GOMEZ-LE CHEVANTON, La Convention nationale au miroir des Archives parlementaires, AHRF 2015, p. 19 ; A. ROBERT, G. COUGNY, Dictionnaire des parlementaires français (…) de 1789 à 1889 t. II, p. 481. A Robespierre qui, voyant ses ennemis se succéder à la tribune, se serait écrié : « On veut m’égorger, on veut m’égorger ! », Dumont lui aurait répondu : « Non, c’est toi qui veux égorger l’opinion publique et la liberté. »(8)cf. Paul SAINTE-CLAIRE DEVILLE, La Commune de l’an II. Vie et mort d’une assemblée révolutionnaire, Paris, Plon, 1946, p. 200

Le 10 thermidor, il accuse le commissaire à la Commission des administrations civiles, police et tribunaux Herman, ainsi que son adjoint Lanne, chef de l’Agence des lois, d’avoir retardé la mise en exécution du décret qui affranchissait le Tribunal révolutionnaire de la présence d’officiers municipaux pour constater l’identité de Robespierre et ses complices mis hors-la-loi. Il accuse également Augustin Robespierre de déprédations pendant sa mission auprès de l’armée d’Italie, et en profite pour obtenir la libération de son propre frère, présenté comme un témoin de cette affaire(9)cf. Réimpression de l’ancien Moniteur, t. XXI, Paris, Plon, 1861, p. 353 ; Gérard WALTER, Maximillien de Robespierre, ed. de 1989, pp. 487-488 ; A. ROBERT, G. COUGNY, Dictionnaire des parlementaires français (…) de 1789 à 1889 t. II, p. 481 ; R. COBB, Glanes — L’arrestation du frère d’André Dumont, AHRF 1951, p. 411, d’après A. N., AFII 47 363 59.

André Dumont, du « réacteur » thermidorien à l’exilé de la Restauration

Le 13 thermidor, contredisant la version des Comités délivrés par Barère le 11, Dumont dénonce l’existence de complices impunis de Robespierre, et cite nommément David. Il en demande le renvoi du Comité de sûreté générale, que lui-même réintègre dès le lendemain(10)cf. Réimpression de l’ancien Moniteur, t. XXI, Paris, Plon, 1861, pp. 366-368. Il s’attaque peu après à son ancien collègue de mission Lebon, puis intègre le Comité de salut public le 13 frimaire an III. Il s’opposa à l’impression des papiers trouvés chez Robespierre et fit rapporter le décret relatif la célébration de l’anniversaire du 31 Mai, et déclara qu’il fallait « frapper indistinctement les terroristes et les royalistes ». Il dut à son tour se justifier de ses agissements terroristes, en arguant notamment d’avoir accordé, à la demande de son frère, l’élargissement de certains nobles(11)cf. A. ROBERT & G. COUGNY, Dictionnaire des parlementaires français (…) de 1789 à 1889 t. II, pp. 481-482.

Le 29 pluviôse an III (17 février 1795), Courtois fut accusé dans son rapport sur les papiers de Robespierre d’avoir omis les lettres obséquieuses qu’auraient adressé Dumont et Legendre à ce dernier, ce dont ils se défendirent vivement(12)cf. Georges LEFEBVRE, Les Thermidoriens, Paris, A. Colin, 1960 (ed. revue par A. Soboul), p. 60.

Au terme des émeutes de germinal et prairial, il s’attaqua à Chasles, Ruamps, Prieur de la Marne, Thuriot ou encore Cambon, et fit exclure les femmes des tribunes de l’assemblée. Réélu au Conseil des Cinq-Cents jusqu’en 1797, il fut opposé à Tallien. Sous-préfet d’Abbeville à partir du Consulat, il devient préfet du Pas-de-Calais sous les Cent-Jours, et fut contraint à l’exil en 1816 mais put rentrer à Abbeville en 1830 où il mourut six ans plus tard(13)cf. A. ROBERT & G. COUGNY, Dictionnaire des parlementaires français (…) de 1789 à 1889 t. II, p. 482 ; Bernard GAINOT, Dictionnaire des membres du Comité de salut public, Taillandier, 1990, p. 115.

Réferences

Réferences
1 cf. Bernard GAINOT, Dictionnaire des membres du Comité de salut public, Taillandier, 1990, p. 114 ; A. ROBERT, G. COUGNY, Dictionnaire des parlementaires français (…) de 1789 à 1889, t. II, Paris, Bourloton, 1890, p. 481
2 cf. Emilie CADIO, Le Comité de sûreté générale (1792-1795), in La Révolution française — Cahiers de l’Institut d’histoire de la Révolution française 3|2012, p. 4 ; A. ROBERT, G. COUGNY, Dictionnaire des parlementaires français (…) de 1789 à 1889 t. II, p. 481
3 cf. A. ROBERT & G. COUGNY, Dictionnaire des parlementaires français (…) de 1789 à 1889 t. IV, Paris, Bourloton, 1891, p. 13
4 cf. Bernard GAINOT, Dictionnaire des membres du Comité de salut public, Taillandier, 1990, pp. 114-115 ; A. ROBERT, G. COUGNY, Dictionnaire des parlementaires français (…) de 1789 à 1889 t. II, p. 481
5 cf. Bernard GAINOT, Dictionnaire des membres du Comité de salut public, Taillandier, 1990, pp. 114-115
6 cf. R. COBB, Glanes — L’arrestation du frère d’André Dumont, AHRF 1951, p. 411
7 cf. Françoise BRUNEL & Corinne GOMEZ-LE CHEVANTON, La Convention nationale au miroir des Archives parlementaires, AHRF 2015, p. 19 ; A. ROBERT, G. COUGNY, Dictionnaire des parlementaires français (…) de 1789 à 1889 t. II, p. 481
8 cf. Paul SAINTE-CLAIRE DEVILLE, La Commune de l’an II. Vie et mort d’une assemblée révolutionnaire, Paris, Plon, 1946, p. 200
9 cf. Réimpression de l’ancien Moniteur, t. XXI, Paris, Plon, 1861, p. 353 ; Gérard WALTER, Maximillien de Robespierre, ed. de 1989, pp. 487-488 ; A. ROBERT, G. COUGNY, Dictionnaire des parlementaires français (…) de 1789 à 1889 t. II, p. 481 ; R. COBB, Glanes — L’arrestation du frère d’André Dumont, AHRF 1951, p. 411, d’après A. N., AFII 47 363 59
10 cf. Réimpression de l’ancien Moniteur, t. XXI, Paris, Plon, 1861, pp. 366-368
11 cf. A. ROBERT & G. COUGNY, Dictionnaire des parlementaires français (…) de 1789 à 1889 t. II, pp. 481-482
12 cf. Georges LEFEBVRE, Les Thermidoriens, Paris, A. Colin, 1960 (ed. revue par A. Soboul), p. 60
13 cf. A. ROBERT & G. COUGNY, Dictionnaire des parlementaires français (…) de 1789 à 1889 t. II, p. 482 ; Bernard GAINOT, Dictionnaire des membres du Comité de salut public, Taillandier, 1990, p. 115
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